INTRODUCTION

Dans les systèmes photovoltaïques modernes, la recherche d’une meilleure performance énergétique, d’une plus grande flexibilité et d’une sécurité renforcée conduit souvent à la mise en œuvre de plusieurs équipements fonctionnant de manière coordonnée. C’est le cas notamment des onduleurs et des régulateurs de charge, qui jouent un rôle central dans la conversion, la gestion et la distribution de l’énergie solaire.

La mise en commun de plusieurs onduleurs et régulateurs consiste à connecter ces dispositifs en parallèle ou en série afin de mutualiser la puissance, répartir les charges, et assurer une continuité de service même en cas de défaillance partielle du système. Cette approche est largement utilisée dans les installations de moyenne et grande puissance, qu’elles soient autonomes, hybrides ou raccordées au réseau.

Cependant, pour que cette configuration soit efficace et sûre, il est indispensable de comprendre les principes de fonctionnement et de synchronisation de ces équipements. Une synchronisation incorrecte peut engendrer des déséquilibres de courant, des pertes énergétiques, voire des dommages matériels.

Ce thème vise donc à présenter les fondements techniques, les modes de synchronisation, et les bonnes pratiques à adopter pour réussir la mise en commun de plusieurs onduleurs et régulateurs dans un système photovoltaïque performant et durable.

Concepts-clés à maîtriser

ConceptDéfinition / rôleRisque si non respecté
Synchronisation de phaseAlignement instantané des sinusoïdes de tension (angle, amplitude, fréquence) de chaque onduleurSi un onduleur est en retard ou en avance, des courants circulants irréels peuvent circuler entre les onduleurs (et non vers la charge)
Partage de charge (load sharing)Répartition proportionnelle de la puissance active et réactive entre les unités connectéesDéséquilibre : surcharge d’un onduleur et sous-utilisation des autres
Communication et contrôle maître-esclave / coopératifUn onduleur “maître” peut établir la référence (phase, fréquence) que les “esclaves” suiventPermet un fonctionnement harmonisé ; sans cela, chaque onduleur “agit pour soi”
Impédance de couplage identique / câblage homogèneLes câbles AC entre chaque onduleur et le bus commun doivent avoir la même longueur, la même section, la même résistanceDifférences d’impédance entraînent des déséquilibres de courant et rendent le partage de charge incorrect

ROLE DES PRINCIPAUX EQUIPEMENTS

1- Rôle du régulateur de charge dans un système photovoltaïque

Le régulateur de charge (ou contrôleur de charge solaire) est un élément central d’un système photovoltaïque autonome ou hybride.

Principaux rôles du régulateur de charge :

  • Protection et gestion de la batterie :
    • Évite la surcharge et la décharge profonde.
    • Gère automatiquement les seuils de tension (coupure et reprise).
    • Prolonge la durée de vie de la batterie.
  • 🔄 Régulation du flux d’énergie :
    • Stabilise le courant issu des panneaux solaires.
    • Oriente l’énergie vers la batterie ou directement vers la charge selon les besoins.
  • 🌞 Optimisation du rendement (MPPT) :
    • Ajuste en continu la tension d’entrée pour extraire la puissance maximale.
    • Améliore le rendement global du système de 20 à 30 %.
  • 🧠 Supervision et communication :
    • Permet le suivi en temps réel des paramètres du système.
    • Enregistre les données de production et permet le pilotage à distance via une application ou un logiciel.

2- Rôle de l’onduleur dans un système photovoltaïque

L’onduleur est souvent considéré comme le cœur électrique d’un système photovoltaïque. Il joue un rôle essentiel dans la conversion, la gestion et la sécurisation de l’énergie produite par les panneaux solaires. Sans lui, l’énergie solaire captée ne pourrait pas être utilisée efficacement pour alimenter les équipements domestiques, industriels ou injectée dans le réseau.

🔄 Conversion de courant : transforme le courant continu (DC) des panneaux en courant alternatif (AC) compatible avec le réseau (230 V – 50 Hz).

🌞 Optimisation de la production : ajuste la tension pour atteindre le point de puissance maximale (MPPT) et maximiser le rendement solaire.

⚙️ Gestion de l’énergie : coordonne les sources (solaire, batterie, réseau) et établit les priorités d’alimentation dans les systèmes hybrides.

🔁 Synchronisation avec le réseau : aligne la fréquence et la tension de sortie sur celles du réseau pour une injection stable et sûre.

🛡️ Supervision, communication et protection : surveille les paramètres, assure la communication (Wi-Fi, RS485, etc.) et protège contre les surtensions, surcharges et courts-circuits.

POURQUOI METTRE EN COMMUN PLUSIEURS APPAREILS?

CONDITIONS TECHNIQUES DE MISE EN COMMUN

La mise en commun de plusieurs onduleurs et régulateurs dans un système photovoltaïque permet d’accroître la puissance, d’assurer une redondance et une meilleure flexibilité d’exploitation. Toutefois, sa réussite dépend du respect rigoureux des conditions techniques, en particulier de la compatibilité, câblage entre les équipements, essentielle pour garantir la sécurité et la stabilité du système.

1- Compatibilité – Trois niveaux essentiels :

  • Compatibilité électrique :
    • Même tension nominale (DC ou AC) et même fréquence (ex. 230 V / 50 Hz).
    • Polarité correcte et mise à la terre uniforme pour éviter les déséquilibres.
  • Compatibilité fonctionnelle :
    • Même protocole de communication (RS485, Modbus, etc.).
    • Synchronisation parfaite en phase et en fréquence pour les onduleurs.
    • Profils de charge identiques pour les régulateurs afin de protéger les batteries.
  • Compatibilité de puissance et de configuration :
    • Appareils de puissance similaire ou identique.
    • Même marque ou modèle pour une logique de gestion cohérente.
    • Paramètres de stockage (tension, chimie, seuils) harmonisés.

2- Câblage:

  • Uniformité et symétrie du câblage : longueurs et sections identiques pour chaque branche afin d’assurer un courant équilibré et la stabilité du système.
  • Dimensionnement des câbles : basé sur puissance, courant, distance et chute de tension ≤ 3 %; utiliser des câbles solaires certifiés PV1-F, résistants aux UV et à la chaleur.
  • Protection et sécurité : chaque branche protégée par fusibles/disjoncteurs, installation de parafoudres DC/AC, mise à la terre commune, connexions fiables et étanches (MC4, borniers, cosses).
  • Organisation et identification : étiquetage clair, séparation des circuits DC et AC, utilisation de goulottes et gaines pour un câblage propre et sécurisé.
  • Vérification avant mise en service : contrôle de continuité, polarité, isolement, équilibre des tensions et synchronisation des appareils.

ERREURS COURANTES A EVITER

Dans un système photovoltaïque, la mise en commun de plusieurs onduleurs et régulateurs peut grandement améliorer la performance et la fiabilité. Mais une mauvaise coordination ou des choix techniques inadaptés peuvent rapidement transformer cette solution en source de problèmes. Voici les erreurs les plus fréquentes à éviter :

  1. Mélanger des marques ou modèles différents
    ➤ Provoque déséquilibres de tension, problèmes de fréquence et difficultés de communication entre appareils.
  2. Câblage asymétrique ou mal dimensionné
    ➤ Répartition inégale du courant, pertes d’énergie et surchauffe des câbles.
  3. Absence de coordination entre régulateurs
    ➤ Risque de surcharge ou de sous-charge des batteries, réduisant leur durée de vie.
  4. Onduleurs non synchronisés
    ➤ Signaux AC déphasés entraînant pertes d’énergie, vibrations électriques et déconnexion du réseau.
  5. Mise à la terre incorrecte
    ➤ Boucles de courant, risques de choc électrique et détérioration des équipements.
  6. Protections individuelles négligées
    ➤ Fusibles ou parafoudres manquants exposent tout le système à un risque de panne.
  7. Tests avant mise en service oubliés
    ➤ Polarité, continuité et tensions non vérifiées peuvent provoquer des défauts immédiats au démarrage.

SUR LE TERRAIN, QUELLES BONNES PRATIQUES A ADOPTEES?


La mise en commun de plusieurs onduleurs ou régulateurs dans une installation photovoltaïque exige rigueur, cohérence et respect de certaines règles essentielles. Ces bonnes pratiques garantissent le bon partage des charges, la sécurité du système et la longévité des équipements.

1. Compatibilité des équipements

Avant toute interconnexion, il est impératif de s’assurer que les onduleurs sont conçus pour fonctionner en mode parallèle. L’utilisation de modèles identiques — même marque, même version et même firmware — limite les risques d’incompatibilité et favorise une synchronisation stable.
Le même principe s’applique aux régulateurs de charge (MPPT) lorsqu’ils sont utilisés en parallèle : l’homogénéité des équipements est une garantie de performance et de fiabilité.

2. Câblage symétrique et dimensionnement adéquat

Un câblage équilibré est essentiel pour un partage équitable du courant entre les onduleurs. Les longueurs et sections des câbles, qu’ils soient en courant continu (DC) ou alternatif (AC), doivent être identiques pour éviter des chutes de tension déséquilibrées.
Chaque ligne doit être protégée par des fusibles ou disjoncteurs adaptés, côté batterie, côté DC et côté AC. Le dimensionnement des sections de câble doit tenir compte de l’intensité nominale et de la chute de tension admissible.

3. Bus-bar et distribution

Dans une configuration à plusieurs onduleurs, l’utilisation d’un bus-bar (ou barre omnibus) facilite la mise en commun des entrées et sorties tout en assurant une distribution stable et sécurisée.
Il est également recommandé d’attribuer une entrée PV dédiée à chaque onduleur. Cette approche simplifie l’isolation d’un appareil pour maintenance sans interrompre le fonctionnement des autres.

4. Communication et synchronisation

Les onduleurs connectés en parallèle doivent pouvoir communiquer entre eux afin de rester parfaitement synchronisés. Cette communication peut se faire via RS485, CAN Bus ou un bus parallèle spécifique au fabricant.
Une configuration en mode maître/esclave permet un partage équilibré du courant et une gestion centralisée des paramètres. Tous les appareils doivent être réglés de manière identique (tension batterie, seuils de charge/décharge, modes de fonctionnement).

5. Connexions et mise à la terre

Les connexions électriques doivent être réalisées avec soin : serrage au couple recommandé, utilisation de connecteurs certifiés (MC4, bornes DC, etc.) et contrôle de l’isolation.
Une mise à la terre unique est indispensable pour éviter les boucles de masse. L’ensemble du câblage, des disjoncteurs et des onduleurs doit être clairement étiqueté afin de faciliter la maintenance et les interventions futures.

6. Mise en service et tests (Commissioning)

Avant la mise en exploitation, plusieurs tests sont nécessaires :

  • Vérification de la communication entre les appareils ;
  • Test de partage du courant et de coupure réseau ;
  • Observation du comportement du système lors de basculements (hybride, backup).

Il est conseillé de surveiller les journaux de fonctionnement pendant quelques jours pour contrôler la stabilité, la température et la répartition des charges.
Toutes les étapes doivent être documentées : schémas, photos et checklists de vérification.

7. Maintenance périodique

Une maintenance régulière assure la durabilité du système.
Chaque année, il convient d’effectuer une inspection visuelle et thermographique pour détecter d’éventuelles surchauffes ou mauvais contacts.
Les serrages doivent être vérifiés, les câbles contrôlés, et les firm wares mis à jour après vérification de leur compatibilité avec les autres équipements.

CONCLUSION

La mise en commun de plusieurs onduleurs et régulateurs dans un système photovoltaïque constitue une étape clé dans le développement d’installations solaires performantes, évolutives et fiables. Lorsqu’elle est bien maîtrisée, cette approche permet d’augmenter la puissance globale, d’assurer une meilleure continuité de service et d’optimiser la gestion énergétique du site.

Cependant, cette configuration requiert une parfaite rigueur technique : compatibilité des équipements, symétrie du câblage, communication efficace entre les appareils et respect des règles de sécurité électrique. Chaque détail — du dimensionnement des conducteurs jusqu’à la mise à la terre — influence directement la stabilité et la longévité de l’installation.

Les bonnes pratiques présentées visent à garantir un fonctionnement harmonieux et sécurisé de l’ensemble des équipements. Elles constituent une référence essentielle pour les installateurs, ingénieurs et techniciens qui souhaitent concevoir des systèmes photovoltaïques robustes, conformes aux standards professionnels.

En somme, la réussite d’une mise en commun d’onduleurs ou de régulateurs repose sur un équilibre entre technique, précision et méthode. Une installation bien pensée et correctement exécutée se traduit par une meilleure fiabilité, une maintenance simplifiée et une performance énergétique durable — des atouts essentiels pour la transition solaire en Afrique et ailleurs.

About: Moutens SM


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